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Potosí, la belle démoniaque

Amis bloggers, lecteurs bonsoir,

Je ne pouvais pas m'empecher d'écrire si vite sur ce que nous avons vu aujourd'hui.
Nous avons commencé à visiter Potosí de nuit. Bien qu'elle soit assez peuplée, cette ville est très mignonne. Pas beaucoup de touristes, et de faite, peu de stands de rue vendant présentant au mieux l'artisanat national (je me permet de dire national, car on retrouve une grande similarité dans les produits vendus d'une ville à l'autre). En faite içi, on se fond dans le qutotidien des boliviens qui travaillent, mangent au resto, sortent de cours, font leur courses, sans vraiment se sentir comme le touriste sur lequel il faut se jeter pour faire une affaire. La ville est plutôt secure et propre, les gens sont sympa, les hôtels pas chers, bref, le rêve.

Pour la touche historique, Potosí était une des villes les plus riches d'Amérique Latine auparavant, ceci grâce à ses riches mines d'argent découvertes il y a quelques siècles.
Deux de nos compagnons, qui nous accompagnaient durant le tour du salar, nous avaient raconté leur expérience lors de leur visite de ces fameuses mines, et nous ont vivement conseillé de les visiter. Au début ca nous tentait pas des masses, mais nous avons bien fait de nous être motivés.

Rendez vous à 9h à l'agence pour le début de la visite. Renan, fils et frère de mineurs, nous a guidé durant 4h en espagnol, avec humour et sérieux à la fois. Nous avons commencé par acheter des cadeaux pour les mineurs, passage obligatoire pour cette visite qualifiée de sociale. En effet, les mineurs sont satisfaits de se voir offrir de la coca, du jus, des cigarettes, de l'alcool, ou tout simplement de la dynamite, éléments essentiels pour survivre à leurs journées éprouvantes sous la terre. Je m'occupe de la coca, Doro du jus, et Nico d'un détonnateur, au moins on peut pas nous reprocher de leur empirer la santé :p

Une fois habillés des pieds à la tête (bottes, combi, casque, lampe frontale...), Renan nous explique la situation ultra précaire dans lesquelles les mineurs travaiellent : salaire misérable, 6 à 10h par jour du lundi au samedi, impossible de manger durant ces heures (les sandwichs absorberaient trop les poussières nocives environnantes), durée de vie de 45 ans en moyenne, accidents dus à l'insécurité... Pour tenir le coup, ils machent une quantité hallucinante de coca (ils ressemblent à des gros bébés tellement leurs joues sont gonflées de coca) agrémentée d'une poudre (sous forme de caillou) à base de légumes et autres, censée multiplier l'effet de la coca. S'ils meurent aussi tôt, ce n'est pas seulement à cause des accidents, mais surtout à cause des produits nocifs inhalés à longueur de journée, impossible de mettre des masques, puisque celui ci se boucherait avec la poussière en peu de temps. Les deux frères de Renan sont décédés, certains meurent avant 30 ans, les plus jeunes commencent à travailler à 14 ans. Malheureusement, le travail dans les mines est une des seules sources d'emploi sures à Potosí. Le gouvernement ne fait pas grand chose pour améliorer les conditions de travail des mineurs. L'argent (et autres minerais) extrait part directement pour des entreprises canadiennes ou américaines. D'ici 20 ans la mine sera épuisée, laissant plus de 15000 mineurs sans emploi.

Après tous ces détails attristants, nous pénétrons dans la mine. Je n'arriverai pas à décrire exactement l'environnement dans la mine. Après avoir vu la statue Tío vénérée par les mineurs à coup de feuilles de coca, de cigarettes et d'alcool, nous avons parcouru une grande distance les pieds dans l'eau entre les rails et le dos courbé. Nous croisons beaucoup d'ouvriers, la bouche remplie de coca. Nous arrivons à une embouchure tombant directement à la verticale, dans lesquels les mineurs descendent avec une corde, les pieds appuyés sur la roche pour atteindre une échelle un peu plus bas, notre guide nous invite à la prendre... Après avoir bien réfléchi à ce que nous comptions desendre nous nous lançons. L'étage du dessous est pire, notre dos se courbe un peu plus et nous croisons un peu plus d'ouvriers. Renan nous présente au fur et à mesure les diff´rents minerais devant lesquels nous passons. Après une longue marche nous arrivons à la fin du tunnel, au bout, un trou, profond, très profond. Nous décidons de nous arrèter ici, la vue de l'échelle qui se perdait dans le noir donnait l'impression d'être au dessus des abysses. Pourtant, les mineurs descendent tour à tour dans le trou. Nous assistons durant une bonne demie-heure, aux opérations consistant à vider l'eau de source en contre-bas, à élever un homme d'un sous-sous-étage à un autre sous-étage, à l'aide d'un panier treuillé. En faite, le premier trou que nous avons refusé de descendre, était le début d'une série d'autre trous, pour atteindre le fond de la montagne (ou du moins de leur progression) à une soixantaine de mètres plus bas. Nous prenons le chemin de la sortie, remarquons des trous au dessus, à droite, à gauche, que nous n'avions pas remarqué à l'aller. Ces hommes travaillent dans du gruyère, je n'imagine pas combien de kilomètres de tunnels ont été creusés sous cette montagne, les nains de la Moria à côté c'est du bidon (aux amateurs du Seigneur Des Anneaux...). Nous aidons rapidement deux mineurs à porter une wagonette sur ses rails, je vous raconte pas le poids de la machine. Nous assistons à une dernière opération consistant à desendre une brouette via un fil de fer par un trou parallèle au tunnel pour un étage plus bas. Dans ces moments là, les mineurs se crient des ordres d'un étage à l'autre, paniquent un peu pour les risques pris, transpirent, se concentrent...

On sort de l'enfer, et on voit le jour après 1h30-2h dans le noir. Je n'arrive pas à imaginer cette sensation après une dizaine d'heures dans la mine, 6 jours sur 7, toute l'année, toute une vie.
Je pense avoir été témoin de ce qu'était le pire métier au monde, le pire. Les mineurs de Potosí ne sont pas les seuls concernés, il y a nombre de mines identiques, voir pires en Afrique.

Je ne pense pas être capable d'en dire moins sur ce dont on a été témoin aujourd'hui.

Le reste de la journée, nous l'avons paradoxalement passée à flaner dans les rue du centre-ville. Le contraste est halucinant, cette ville est magnifique, pleine de vieux monuments et de places partout. Je le déclare passage obligé pour tout ceux qui s'aventurent en Bolivie.

Nous passons par un autre passage obligé demain matin (levés 6h, trop dur la vie) : Sucre. Toujours avec Nico (ce grand charmeur fou...), et surement avec l'un des couchsurfeurs rencontrés dans la jungle à La Paz (Marc le calgarien) que nous allons rejoindre. Nos plans pour après se fixent de plus en plus pour aller passer notre dernière semaine à Santa Cruz, ville en bordure de la jungle (la vraie cette fois), pour aller voir plus d'animaux, et regouter un peu à la chaleure...

Andinement vôtres,

N&D

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